Portrait d’influenceur : Le Blog du Communicant
Profil de l’influenceur
Prénom : Olivier
Nom : Cimelière
Thème : communication, digital
Site : www.leblogducommunicant2-0.com
Vous êtes un expert de la communication, pourriez-vous vous présenter ?
Après avoir été journaliste en presse écrite et en radio pendant quelques années, je me suis orienté ensuite vers la communication d’entreprise à l’époque où celle-ci commençait à prendre de l’importance dans les organisations. Mon bagage de journaliste qui a appris à écouter, interroger et croiser l’information, m’a permis de développer une communication plus ouverte autant à l’interne qu’à l’externe, et fondée sur des contenus véritablement utiles et des actions concrètes qui vont au-delà de l’effet d’annonce. J’ai ainsi occupé diverses responsabilités de communicant dans différents secteurs : santé, alimentaire, télécoms et Internet. L’avènement des réseaux sociaux et du Web interactif a été le déclic pour lancer en mai 2010 mon blog, Le Blog du Communicant, et agréger une communauté qui a une conception moderne de la communication et qui intègre pleinement les nouvelles façons de communiquer.
Quelles différences percevez-vous entre le journalisme papier et la rédaction web ?
Mon sentiment est que cette dichotomie a de plus en plus tendance à s’estomper même si çà et là, certains continuent d’opposer les deux notions. La presse a opéré sa mue digitale, non sans douleur certes. Le papier est probablement amené à être utilisé pour des formats bien spécifiques que le Web ne peut pas traiter pareillement. L’exemple de « Le 1 » est à cet égard remarquable. Il a su réinventer une forme de journalisme écrit en misant sur la qualité de l’écriture, la profondeur des analyses, l’originalité des infographies, tout cela dans un journal qui se déplie et qui se consacre uniquement à un thème précis par numéro. A mes yeux, Web et papier sont complémentaires en termes de consommation des médias mais aussi de lectorats visés. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les expériences éditoriales que Le Monde et L’Equipe mènent sur Snapchat pour toucher un jeune public qui ne lit pas les quotidiens.
Quel avenir pour le format du blog ? Croyez-vous-en « la fin du blog » ? Quelles sont selon vous des perspectives, les évolutions à venir?
Cela fait 20 ans que certains petits malins annoncent la mort des blogs ! Et pourtant, ces derniers sont toujours là ! Les acteurs ont en partie changé et l’offre s’est étoffée mais il y aura toujours de la place pour le format du blog et toujours des personnes qui souhaitent écrire et partager une passion, une expertise ou des convictions. L’essentiel est que le contenu soit pertinent. C’est, si j’ose dire, le même défi que pour la presse : proposer un contenu de qualité, original et avec une vraie valeur ajoutée. Dans une stratégie de communication, le blog conserve toute sa raison d’être. A condition de l’envisager comme autre chose qu’une plaquette publicitaire. En termes d’évolution, il est probable que les blogs seront de plus en plus intégrés via des outils de publication comme Pulse que Linkedin propose à ses membres pour rédiger des articles. Une chose est sûre : le blog est loin d’être mort !
Selon vous, quels seront les enjeux digitaux de 2017, à plus long terme ?
Ils sont multiples mais j’en distingue 3 particulièrement cruciaux pour les communicants : l’infobésité, le temps réel et les « fake news ». Avec l’avènement du digital, c’est un raz-de-marée de contenus qui est disponible. Toute la difficulté est donc de parvenir à émerger et être visible auprès de ses publics prioritaires. Lesquels sont submergés de sollicitations et accordent du coup leur attention de manière volatile. Ensuite, il faut dorénavant composer avec le temps réel. Les premières images de la tuerie à l’aéroport de Fort Lauderdale le 6 janvier ont d’abord été diffusées sur Periscope. Cela oblige à disposer d’une veille efficace, à travers une Social Room par exemple, et d’être agile pour répondre ou faire entendre sa voix. Enfin, il faut de plus en plus faire face à des rumeurs, des canulars et des fausses informations qui sont lancés délibérément. L’élection présidentielle américaine de 2016 a clairement montré que ce phénomène prenait de l’ampleur. Cela va supposer d’être en capacité de rectifier et de faire du « fact-checking » sinon les « fake news » risquent d’être ce que retiennent les gens au final.
On a beaucoup entendu parler de vidéo en 2016, s’agira-t-il en 2017 du contenu inévitable à toute stratégie de web social ?
La vidéo est indéniablement le type de contenu qui ne cesse de croître. Les années à venir confirmeront cette tendance lourde. En revanche, ce qui est intéressant avec la vidéo (au-delà de l’aspect attractif et dynamique), c’est que les formats se multiplient. Aujourd’hui, on peut faire une « story » de 10 secondes sur Snapchat, proposer un flux vidéo sur Facebook Live, diffuser une vidéo interactive en 360° sur YouTube, voire publier des vidéos en réalité augmentée où l’internaute choisit son parcours éditorial. Sans parler de la réalité virtuelle qui offre une expérience totalement immersive. Autant dire qu’il n’y aura que l’embarras du choix en matière de vidéo !
Vous avez récemment publié un ouvrage intitulé « Managers, parlez numérique », pouvez-vous nous en parler ?
C’est un livre à la fois plaidoyer et de réflexion autour de 10 arguments clés pour revisiter de fond en comble sa stratégie de communication à la lumière des disruptions que le digital a générées. J’ai illustré le propos avec des cas d’étude concrets tirés de l’actualité récente. Pour autant, il ne s’agit pas d’un manuel opératoire ou d’une boîte à outils mais clairement d’un ouvrage qui encourage les dirigeants, les managers et évidemment les communicants à mettre à jour leur logiciel de communication à tous niveaux. Aujourd’hui, votre réputation n’est plus le seul fruit de vos discours. Elle est une équation instable où de nombreux acteurs parlent et où l’entreprise, le dirigeant, la marque, etc doivent contribuer et s’exprimer. Persister dans les schémas des années 2000, c’est prendre le risque d’être dépassé et pas crédible auprès de vos communautés.